Colloques

À la recherche d’un geste, la Préhistoire au secours du tracé contemporain. Echos au Geste du regard de Renaud Ego, colloque La préhistoire à l’ère de l’anthropocène : discours et représentation, 19 et 20 mai 2022, dir. Catherine Grall, Université d’Amiens.
En quoi les recherches sur la Préhistoire peuvent-elles être les ressources d’une réflexion sur le vivant contemporain et ses représentations ? La période que nous vivons dite anthropocène – notion forgée par le chimiste Paul Josef Crutzen en 2000 – tend à nous interroger plus encore sur notre relation au monde et au vivant. Alors, en quoi l’étude de la Préhistoire permettrait-elle de nourrir et réfléchir le geste artistique, tout particulièrement le dessin ? A l’occasion de son essai Le Geste du regard, Renaud Ego pense l’avènement de la représentation graphique au travers des notions de tracés iconiques et tracés non-iconiques. Il s’attache à l’histoire, écrit-il « qui est celle qui conduit la main à se lever pour rendre visible la pensée qui se pensait dans l’invention d’une nouvelle forme ». Ce chemin particulier qui, du biface aux gribouillis, devint signe et figure prendrait-il aujourd’hui une dimension nouvelle ? En quoi une telle conscientisation de ce processus ferait- elle sens aujourd’hui ?
Giuseppe Penone : un éloge de la grâce, journée d’études L’art du fluide, éthiques et esthétiques de la grâce contemporaine dir. Sarah Troche, Thomas Golsenne et Arnaud Maillet, 10 mai 2022, Université de Lille /IRHIS.
Capelli neri…un soffio est un ensemble indissociable de treize dessins datant de 1974 de format A4 à la mine graphite. Chacun est produit par frottage, en partie redessiné. Le geste de Giuseppe Penone nous semble interroger à sa façon une esthétique de la grâce, à la croisée de la nonchalance iconoclaste et de la poésie du hasard s’accomplissant dans une forme d’ironie saisie grâce au processus, le geste du frottage à l’aveugle. Prenant naissance chaque fois au bas de la page mise à l’horizontale les dessins fixent un instant simulant le vent : un mouvement, un souffle, une gerbe, en fait une mèche de ses cheveux. Le titre ne cache pas ce dont il est question : « cheveux noirs… un souffle ». Geste facile de l’empreinte, geste premier, celui du contact qui est réalisé avec un des matériaux premiers du dessin, ce qui n’est d’ailleurs pas sans évoquer les empreintes des grottes ornées. Mais c’est aussi à une poésie fluide que l’œuvre invite : les phrases qui accompagnent renouvèlent le sens des frottages et donnent une touche vivifiante à ce geste dont l’élégance trouve en réalité sa source dans la nonchalance qui l’origine, une forme de sprezzatura tout italienne.
D’après désastre(s) à partir des dessins de Jérémy Liron, colloque Dessins d’après… / Peintures d’après… ? dir. Anne Favier, Romain Mathieu, 23 et 24 mars 2022, Université Jean Monnet et Ecole d’art et design de Saint Etienne.
C’est tout particulièrement après l’attentat de Charlie hebdo que l’auteur engagea ce travail. « Comment en sommes-nous arrivés là ? » s’interrogeait-il. L’ensemble d’abord présenté à la galerie Isabelle Gounod en 2016 continue de s’amplifier et compte aujourd’hui près de 400 dessins. D’après évènements mais aussi d’après archives, sources papier glanées dans divers catalogues, revues ethnologiques, scientifiques, ou artistiques ou bien encore d’après ses propres prises de vue, les dessins de Jérémy Liron sont doublement d’après et représentent toujours des éléments en volumes tels que sculptures ou architectures. Nous étudierons les transpositions que l’auteur réalise au travers de ces dessins. La rapidité que permet le dessin, pourtant habituellement périphérique à la pratique du peintre, est ici un atout important de la mise en œuvre de cet ensemble. Craie noire et badigeon aux verts qui ne sont pas sans évoquer une forme de putréfaction, d’oxydation ou de moisissure, badigeon qui efface aussi une partie de ces dessins. Mis sous passe-partout de format 30 x 40 cm dans lesquels des ouvertures toutes surmesure et distinctes sont percées – petites ou grandes, décentrées ou non, épousant parfois le motif – les dessins ramènent à une même échelle des œuvres, des lieux, des évènements bien différents. Ouvertures sur la mémoire et sur les traces, Les Archives du désastre agissent comme des fenêtres sur notre histoire contemporaine.
Guiseppe Penone – Des racines et des mots : dessiner et écrire, une expérience de la sève, colloque Giuseppe Penone, Une archéologie du devenir dir. Sarah Matia Pasqualetti et Rodrigue Vasseur, 10 décembre 2021 Bibliothèque nationale de France, à l’occasion de l’exposition Giuseppe Penone, Sève et pensée, BnF.
Au sein de son recueil de textes Respirer l’ombre, Penone livre une approche sensible, poétique aux accents animistes, de sa relation à la nature : la tension de la cime aux racines apparaît dans le choix de mots, dans le rythme des phrases qui donnent à percevoir l’enfoncement des radicules dans le sol, leur vie souterraine, leur mouvement, leur sensation aussi. La beauté du mouvement est livrée mot à mot et l’on perçoit les forces qui animent l’arbre s’étirant dans le sol, cherchant dans ces zones aveugles à la lumière les sources d’une prolifération de la vie. Les racines, plus encore que les autres parties de la plante, incarnent une part secrète et intime que les textes de Penone donnent à sentir. Ses mots invitent à pénétrer la sève, à s’y glisser, à s’insinuer entre les fibres et descendre tout du long, à se lover dans les creux de leurs chemins et bifurcations, divisions, se diviser soi-même pour vivre l’expérience de ces contacts et entremêlements, ce toucher qui réoriente la course, qui accroche et noue, rassemble et murmure des choses, épouse ce monde. C’est pénétrer l’intime de la plante que de caresser ainsi de son regard et de ses mots ses racines.
Les racines : aux origines du sensible. De Van Gogh à Cristina Iglesias, colloque international Sensibilités végétales : par-delà art et nature, 23 au 25 octobre 2021, dir. Florence Gaiotti, Sandrine Marchand, Isabelle Roussel-Gilet, Anne-Gaëlle Weber, Université d’Artois.
Comment et pourquoi les notions de sensible et de phusis sont-elles pertinentes dès lors que nous évoquons les racines et les représentations artistiques des racines ? Comme le suggérait l’invitation de ce colloque, il s’agit de semer. Semer, répandre sur ou sous terre, afin de laisser les graines se développer et germer. L’idée de la dissémination semble essentielle aussi. Semer le sensible. La réflexion proposée ici met en regard Racines de Vincent Van Gogh daté de 1890, et Les Puits de Cristina Iglesias. C’est à ras de terre, que les deux artistes donnent à voir des indices du souterrain et suggèrent la poursuite, l’en-dessous encore plus en-dessous. C’est dans les lisières que, entre peinture et sculptures, prend forme ce phusis-sensible. Ne faire qu’un de ces deux notions est un parti pris. Le modèle goethéen continue de nous animer ici. Alors comment ?
Entre volition scientifique et créations artistiques : la racine, un processus imageant, journée d’étude, Végéter. Une écologie des formes à partir du végétal, dir. Sophie Lécole-Solnychkine et Camille Prunet, LARA-SEPPIA/Université de Toulouse, 12 juin 2019.
Il s’agira de revenir à l’idée d’un vivant souterrain qui respire, se nourrit, croît. Ainsi, c’est de la rhizosphère dont il est désormais question dans le langage des botanistes contemporains. L’étude de la racine et de ses différentes parties conduit à repérer les différentes fonctions et les phénomènes chimiques qui s’y produisent. Aujourd’hui, la question de la représentation se pose puisque la compréhension des racines et de la rhizosphère a considérablement changé ces dernières années. Les méthodes d’étude actuelles mettent en évidence la façon dont les fonctions influent les formes, les déterminent et les construisent. Élargissant le spectre des ondes étudiées grâce aux tomographies et mesures acoustiques, le monde souterrain se donne à lire autrement.
Secret de racines, séminaire Dialogues interdisciplinaires : Arts plastiques et sciences de la nature, dir. Agnès Foiret-Collet, Université Paris I Panthéon- Sorbonne, 9 mai 2019.
Si les recherches de Laurence Gossart l’ont conduite à travailler sur les représentations dessinées des racines dans l’iconographie botaniste traditionnelle -dont nous verrons quelques images-, il sera ici question de montrer comment le champ artistique contemporain s’est emparé de cette partie invisible et mystérieuse de la plante. Nous nous pencherons particulièrement sur Nymphéas Transplants de Pierre Huyghe ainsi que sur quelques textes issus du recueil de Giuseppe Penone, Respirer l’ombre.
Matisse, l’attention et l’oubli : “Dessiner, c’est préciser une idée ”, séminaire Dits et écrits d’artistes, la parole légitimée, dir. Christophe Viart, Université Paris 1, septembre 2017.
Cette intervention entend jeter des pistes de réflexion sur les approches de l’univers végétal dans les dessins d’Henri Matisse et la manière dont il en parle. M’appuyant principalement sur ses écrits mais aussi sur les textes critiques d’Éric de Chassey et de Rémi Labrusse (Henri Matisse – Ellsworth Kelly, Dessins de plantes, Paris, Gallimard/Centre Pompidou, 2002), je traiterai des notions d’observation, d’attention, d’oubli et de mémoire dans l’évolution de ses dessins de plantes. Quelques images de Matisse au travail (photographies et film) seront mises en lien avec des extraits de textes et une sélection de dessins.
L’invention de la mer en photographie, Les Marines de Gustave Le Gray, colloque Les Images de la mer, le 5 et 6 Avril 2016, organisé par l’Institut Supérieur des Etudes Appliquées en Humanités de Mahdia (Tunisie).
Entre sublime et abstraction, les images de Gustave Le Gray ouvrent des possibilités infinies et transcendent les questions et problèmes que la toute jeune photographie connait dans les années 1850-60. La mer, élément primordial d’où tout nait et où tout retourne. Mer primaire qui permet à Gustave Le Gray de revenir aux sources de la vie, mer angoissante par sa profondeur et ses tumultes, mer indomptable… Il réalise deux voyages, le premier en 1856 en Normandie, le second en 1857, à Sète au bord de la Méditerranée. Ces deux séries d’images révèlent des aspects différents. Penser la mer au travers de l’ensemble des Marine de Gustave Le Gray est le chemin que je propose de parcourir ici.

Publications universitaires

Le Nénuphar blanc. De la révélation d’un fluide graphique, in Etudes Stéphane Mallarmé n°7, Paris, Classiques Garnier, parution, avril 2021.
Patrick Neu, Iris. Peindre la fadeur. De l’attention comme sagesse écologique, in Art et écologie des croisements fertiles, sous la direction d’Agnès Foiret-Collet, Plastik n°9, octobre 2020, http://plastik.univ-paris1.fr/peindre-la-fadeur-de-lattention-comme-sagesse-ecologique/.
Patrick Neu, la variation comme “réenchantement” du monde, in Copier, écarts et variations, co- dirigé par Céline Cadaureille et Anne Favier, Paris, Hermann, 2020.
Entre volition scientifique et créations artistiques, la racine, un processus imageant, Végéter, une écologie des formes à partir du végétal, LFU n° 37, sous la direction de Camille Prunet et Sophie Lécole-Solnychkine, 2019, http://www.lafuriaumana.it/index.php/70-archive/lfu-37/893-entre- volition-scientifique-et-creations-artistiques-la-racine-un-processus-imageant
Inventer la racine, une poésie souterraine, in Communications, « Vivants sous terre », n°105, Paris, HESS – CNRS, Seuil, novembre 2019, p. 27-39.
Henri Matisse l’art d’une guérison, l’invention d’un rapport au monde, in Quand l’art prend soin de vous. Les tropismes du care dans l’art d’aujourd’hui, sous la direction de Diane Watteau, Plastik n°6, 2018, http://plastik.univ-paris1.fr/henri-matisse-lart-dune-guerison-linvention-dun-rapport-au-monde/
Fellini-Roma : une ville en représentation…, in La Ville et les arts, A partir de Philippe Cardinali, sous la direction de François Soulages, coll. Eidos, Série Rétina, L’Harmattan, Paris, 2011.
Sophie Ristelhueber : des murmures sous les sutures, in Photographie et contemporain, A partir de Marc Tamisier, sous la direction de François Soulages, coll. Eidos, Série Photographie, L’Harmattan, Paris, 2010.

Critiques d'Art

Collaborations (sélection) avec la revue Point Contemporain 
L’ensemble est consultable sur le site Laurence Gossart – pointcontemporain
Marinette et ses majestueuses cellules, exposition Marinette Cueco, L’Ordre naturel des choses Commissaires Evelyne Artaud et Elena Groud en étroite collaboration avec l’artiste jusqu’au 05 mars 2022, au LAAC Dunkerque.
Et, entre ces trois phares…, exposition Horizons convergents, en collaboration avec la galerie Waddington Custot réunit Etel Adnan, Sheila Hicks et Sophia Vari, jusqu’au 07 novembre 2021, Clavé fine art, Paris, Commissaires d’exposition Laurence Custot et Isaure Bourriez.
Pour une soif frondeuse de beau, exposition Jardin sauvage de Robert Kushner jusqu’au 23 octobre, galerie Obadia, Paris
Les mots et les mythes de Myriam Mihindou, exposition Silo jusqu’au 19 septembre 2021, centre d’art contemporain transpalette, Bourges, commissariat Julie Crenn.
Nappes d’ondines, exposition Alexandre Lenoir, sous le niveau de la mer , jusqu’au 29 mai 2021, galerie Almine Rech, Paris.
Horsmen and fake, une apocalypse contemporaine, Post-apocalyptic holidays, exposition personnelle de Yannick Lambelet, quartier général, la chaux-de-fonds, du 03 novembre au 09 décembre 2017.
Maude Maris, derrière l’image : l’entre des étais, Les grands profils, du 02 au 28 septembre 2017, Galerie Isabelle Gounod.
Axel Pahlavi, peindre dans tes yeux, exposition personnelle, galerie Eva Hober, Paris, 28 janvier au 25 février 2017.
Collaboration avec Inferno magazine visible sur le site Inferno Art Attitudes